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🎐 L’‘explication plus technique.

On l’a vu dans l’article précédent : sous ses airs simples, l’hitoyogiri présente un vrai défi de justesse, et invite à une écoute différente. Je vous explique le comment du pourquoi dans cet article!

1. Une flûte plus courte = une justesse plus instable

L’hitoyogiri est plus court que le shakuhachi (notamment le shakuhachi 1.8), ce qui signifie :

  • Une colonne d’air plus petite → le moindre changement (souffle, embouchure, angle) a un impact immédiat.
  • Moins de marge de tolérance : un petit décalage, et hop, tu es trop haut ou trop bas.

Le shakuhachi, plus long, offre une colonne d’air plus stable, surtout dans le registre grave, ce qui laisse un peu plus d’espace pour “chercher” la note.


2. Une justesse… relative

L’hitoyogiri utilise un système de doigtés non tempéré, hérité d’une tradition vocale ancienne, proche du chant. Ce qui implique :

  • Certaines notes sont volontairement un peu “hautes” ou “basses”.
  • Même avec les bons doigtés, tu dois ajuster avec ton souffle, l’angle et la bouche.
  • Résultat : tu n’es jamais “juste” au sens moderne, mais dans une zone flottante, expressive.

Et pour une oreille moderne… c’est parfois frustrant. Parce qu’elle cherche la note exacte, alors que le hitoyogiri… chante autour.


3. Shakuhachi : souple, mais centré

  • Sur un bon shakuhachi, chaque doigté t’amène dans une zone de justesse que tu peux modeler avec le meri/kari.
  • Une fois ton embouchure posée, tu sens le centre de la note.
  • Sur l’hitoyogiri, ce centre est plus flou — surtout dans les aigus, où tout peut vriller très vite.

En résumé :

✅ Oui, le son de l’hitoyogiri peut sembler plus facile à produire (petit format, embouchure proche),
🚫 mais il est plus difficile à stabiliser en justesse.

C’est un instrument qui pardonne moins,
mais qui chante autrement — avec ses flottements, ses inflexions, sa justesse “ancienne”.


🎵 Et malgré tout… ça sonne faux à une oreille moderne ?

On l’a vu : sur l’hitoyogiri, il ne suffit pas de boucher les bons trous.
Il faut souffler, ajuster, sentir.
La note ne vient pas toute seule — elle se façonne.

C’est ce qui rend ce son si vivant… mais aussi étrange à nos oreilles modernes.


🎼 Et si ce n’était pas “faux”… mais ancien ?

Notre idée actuelle de la “note juste” vient du système tempéré, hérité de la musique classique européenne.

Mais l’hitoyogiri est un instrument ancien, issu d’une autre culture, d’autres repères :

  • Il utilise notamment les gammes ryō et ritsu, typiques du gagaku, la musique de cour japonaise.
  • Ces gammes ne sont pas tempérées : elles produisent des intervalles différents de ceux qu’on connaît aujourd’hui.

🎵 Résultat :
Même si on joue “juste” selon les critères du gagaku,
une oreille moderne peut percevoir la note comme un peu haute… ou un peu basse.

C’est un peu comme entendre une cornemuse ou un chant grégorien quand on a grandi avec la pop ou le piano :

Il faut un peu de temps pour s’y habituer.


🌿 Une flûte ancienne pour une écoute ouverte

L’hitoyogiri n’est pas un instrument spectaculaire.
Il ne cherche pas à impressionner.
Il murmure, parfois gémit, parfois se tait.

Il demande une écoute patiente,
un cœur disponible,
un goût pour l’imperfection vivante.


Alors, si tu entends une “fausse note” dans mes vidéos…

🎐 …c’est peut-être moi qui fais n’importe quoi!
…ou c’est un écho du Japon ancien qui t’invite à voyager dans le temps.

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