Pourquoi ça sonne “faux”? -en bref!
🎐 Pourquoi l’hitoyogiri sonne-t-il “faux” aux oreilles modernes ?
Il y a quelques jours, un ami m’a posé cette question après avoir écouté une de mes vidéos :
« Tiens, c’est si difficile à jouer, l’hitoyogiri ? J’ai entendu une fausse note par-ci par-là. »
Remarque précieuse — et inspirante — qui m’a donné envie d’écrire cet article.
Pour y répondre, je vous propose de séparer cette question en deux parties :
- Est-il difficile de jouer “juste” sur un hitoyogiri ?
- Et même si c’est bien joué… pourquoi ça sonne quand même “faux” ?
🎯 1. Est-ce difficile de jouer juste ?
📷 Flûte à bec vs hitoyogiri : une image pour comprendre
Imagine que tu veux représenter un paysage.
- Avec une flûte à bec, c’est comme utiliser un appareil photo en mode automatique : tu cadres, tu appuies, clic, la photo est nette. Il suffit de boucher les bons trous, et la note sort propre, accordée, “garantie”.
- Avec un hitoyogiri (ou un shakuhachi), tu peins le paysage à la main, au pinceau. Tu dois choisir l’angle, la pression, l’épaisseur du trait. Autrement dit, tu dois façonner chaque note : souffle, bouche, doigts, inclinaison… Tout compte, tout fluctue. Il n’y a pas de “note automatique” — chaque son est une création.
🌬 Une question de sifflet
- Une flûte à bec a un sifflet intégré : l’air y circule comme dans un tunnel. Le son est guidé, clair, stable.
- L’hitoyogiri, lui, n’a pas de sifflet. Tu souffles sur un bord tranchant, comme sur le goulot d’une bouteille. Le moindre changement d’angle, de souffle ou de tension dans les lèvres peut faire basculer la note — d’un quart de ton parfois !
🎵 En bref : L’oreille moderne cherche un point fixe. L’hitoyogiri propose un terrain mouvant.
###🌬 Hauteur relative vs. hauteur absolue
- Une flûte à bec moderne possède généralement une hauteur absolue, ce qui signifie qu’elle est accordée selon une référence normalisée – en général à 440 Hz (hertz). Cela permet de jouer juste avec d’autres instruments modernes, que ce soit en ensemble ou en orchestre.
- En revanche, l’hitoyogiri utilise une hauteur relative. Chaque flûte est fabriquée à la main, et son accord peut varier – parfois jusqu’à un quart de ton – en fonction de l’artisan, du musicien et de la tradition historique. La gamme utilisée n’est pas fondée sur des mesures standardisées modernes, mais plutôt accordée à l’oreille, souvent en fonction du chant ou des préférences esthétiques locales. Ainsi, deux hitoyogiri ne sonnent jamais exactement de la même manière, et ne sont généralement pas compatibles avec les systèmes d’accord occidentaux modernes.
🎭 Une justesse vivante (et impitoyable)
L’hitoyogiri ne pardonne rien. Un souffle trop fort, une lèvre trop tendue, un angle mal ajusté… et le son se dérobe, ou vrille.
Et pourtant, c’est ce terrain glissant qui me passionne.
Car dans cet inconfort naît une expression sincère.
Dans une certaine mesure, je ne cherche pas à jouer “parfaitement juste” — je cherche à accueillir l’instant, dans toute sa fluidité. …parfaitement imparfait.
👉 Mais l’histoire ne s’arrête pas là… Car en plus de cette instabilité naturelle, l’hitoyogiri cache une autre complexité, que je vous raconte ici