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Entre l’encre et le bambou

Le waka est une forme poétique ancienne, née à l’époque de Heian (794–1185) au Japon. Il s’agit d’un poème court de 31 syllabes, structuré en 5 vers selon un rythme 5-7-5-7-7. C’est l’ancêtre du tanka, et une forme d’expression prisée par les nobles et les lettrés de cour, pour dire l’amour, le deuil, la beauté d’un instant ou le frémissement d’une intuition.

Le waka est un art de l’ellipse et du non-dit, où l’émotion affleure sans se montrer entièrement. Il capte l’éphémère, l’écho d’une pensée dans le vent du soir. Chaque mot est choisi avec soin, chaque image est une porte entrouverte vers un monde intérieur.

image-center Ok, note pour plus tard : la flûte et la tempête, ça marche pas. Mais alors, pas du tout.

Et l’hitoyogiri, dans tout cela ?

L’hitoyogiri, rappelons-le brièvement, est le petit ancêtre du shakuhachi né durant l’époque de Muromachi (1336–1573). Il était souvent associé à la musique de cour et au divertissement raffiné, parfois joué dans l’intimité d’un pavillon de thé ou dans la solitude d’un ermitage (on raconte aussi que les samouraïs l’emportaient avec eux pendant les campagnes militaires).

Mais ce n’était pas un simple instrument de musique. Sa sonorité pâle, éthérée, un peu brisée… évoque le souffle du vent dans les pins ou le silence entre deux mots. Comme le waka, l’hitoyogiri parle par suggestion. Il ne cherche pas à plaire, mais à faire résonner l’indicible.

On peut dire qu’ils sont contemporains d’époque et complices de cœur :
– Le waka, dans ses mots suspendus.
– L’hitoyogiri, dans ses inflexions et sa capacité à se fondre dans la dynamique de l’instant.
Tous deux nous invitent à ralentir pour écouter ce qui se passe, l’un entre les lignes, l’autre entre les souffles.

Partage poétique

J’aime les formes poétiques japonaises, tu l’as compris. Ce que je cherche à travers elles, ce n’est pas la perfection (je ne respecte pas les canons traditionnels), mais un espace où déposer un souvenir ou un ressenti. Ce qui m’intéresse, c’est ce point de bascule où les mots effleurent les sens, où le trait se fait image et palpite à travers l’espace et le temps sans rien perdre de sa fraîcheur.

Alors alons-y!

✍️ Note sur le haibun

La structure que j’utilise ici s’inspire du haibun, une forme japonaise mêlant prose poétique et poème bref.
Popularisé par Bashō, le haibun accompagne souvent un moment de voyage intérieur ou extérieur, où le texte en prose prépare le terrain sensible que le poème vient cristalliser.

Middelkerke - 20 Avril 2025

Ma mère aimait le bruit des vagues. Elle disait qu’il avait le pouvoir de guérir tous les maux. C’est sans doute pour ça que je suis venue, aujourd’hui, le jour de son anniversaire. Ici, je n’ai pas besoin de la chercher. Elle sera toujours là, dans l’espace entre les vagues.

Namima
Raffales sur la vitre.
Dedans, douce langueur.
Dehors, crêtes d’écume.
Ostende s’éveille au loin,
Auréolée de sable.

Rythme des embruns,
Les mouettes s’élancent
A la poursuite, peut-être
De mémoires serties dans
L’espace entre les vagues.

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