Comment composer son baluchon de navigation existentielle

(à l’attention des âmes sensibles et autres navigateurs de l’entropie quotidienne)

Si je ne devais garder qu’une seule leçon de ces dernières années, ce serait celle-ci : voyage léger.

Il m’a fallu des années — et quelques crises existentielles — pour faire le tri dans les milliers de choses qui me passionnent. À force de ranger, jeter, recommencer et soupirer très fort, j’ai fini par condenser l’essentiel dans un petit baluchon que je trimballe partout.

Voici donc mon kit de navigation de l’existence.
Ce n’est que le mien, bien sûr, mais j’espère qu’il vous inspirera à concocter le vôtre, avec vos ingrédients à vous.

Pour le composer, je vous propose trois questions magiques (pas besoin de baguette) :

  • Est-ce que ça me nourrit… ou est-ce que ça me draine ?
  • Est-ce que je peux m’en passer pendant plus d’une semaine ?
  • Est-ce que ça me donne un sentiment de complétude (ou au moins d’avoir trouvé deux chaussettes assorties un lundi matin) ?

Prenez le temps d’y réfléchir. Et si vous souhaitez creuser la question, j’ai écrit un article de blog sur le sujet.

Une histoire de shakuhachi (à vos souhaits)

Tout le monde parle de l’importance du souffle.
Mais très peu de gens pensent à prendre une flûte pour vérifier comment ça marche en vrai.

Je joue du shakuhachi, une flûte japonaise en bambou autrefois utilisée par des moines zen pour atteindre l’éveil spirituel.
Bon, pour l’éveil, j’en suis encore au stade du réveil difficile, mais une chose est sûre : je n’ai jamais trouvé meilleure façon d’écouter ma météo intérieure sans passer par la case « tempête ».

Jouer du shakuhachi, c’est apprivoiser son souffle, pas celui qu’on imagine, mais celui qu’on a vraiment, ici et maintenant. C’est un art martial de la tendresse envers soi-même.

Ça peut paraître grandiloquent… mais après tout, notre souffle vient de nos profondeurs, alors pourquoi ne livrerait-il pas quelques vérités au passage ?

Moi, j’ai longtemps eu du mal à reconnaître ce que je ressentais — derrière ce que je devrais être, ou ce que je devrais faire.

Le shakuhachi a changé ça.
Et j’ai même créé une chaîne YouTube pour en parler. C’est dire.

Un crayon pour l’expression spontanée

Un crayon, c’est un peu bête. Mais il m’a appris une chose essentielle :
quand on aime faire quelque chose, il faut le faire pour soi.

Pas pour que ce soit « bien ». Ni pour être validé.
Juste parce que ça met de la joie dans les tripes.

Je salue au passage Max, Serge et Jérôme, qui m’ont chacun, à leur manière, appris à reconnaître la beauté de l’élan de vie qui s’exprime sans filtre.

Le silence au fond des poches

Si vous êtes comme moi, vos poches contiennent probablement une pierre, un coquillage, ou un bout d’écorce rescapé d’une promenade.
Peut-être même un livre, si vos poches sont du genre ambitieux.

Ces objets ont un pouvoir discret mais puissant : celui de nous ramener à nous-même par le toucher.

Avec le temps, mon baluchon est devenu un véritable arsenal d’objets d’ancrage. Ceux qui me connaissent savent que je ne sors jamais sans mon kit de survie : casque à réduction de bruit, lunettes teintées, foulard et parfois bonnet — un attirail pour atténuer les surcharges sensorielles et recréer un cocon, même au beau milieu du chaos.

Au départ, c’était un réflexe de défense, à moitié inconscient. Mais un jour, j’ai réalisé à quel point ces objets me faisaient du bien…
Et surtout, à quel point leur absence me rendait vulnérable.

Peut-être que vous en avez aussi, sans y avoir trop réfléchi. Au fait… vous êtes-vous déjà posé la question ?